Comment marche la Rémunération via les Plateformes de Streaming ?

Les plateformes de streaming musical ont tout explosé ces dernières années. Entre Spotify, Deezer et Apple Music, ce sont des milliards d'écoutes pour un service qui est devenu, selon une étude de l’IFPI réalisé dans 22 pays, le moyen d'écoute de 45 % des consommateurs de musique, rien que ça ! 

Ces plateformes ont aidé l’industrie musicale en permettant d’enrayer le phénomène du téléchargement illégal, responsable de la fameuse crise du disque, et permis à un modèle économique digital de se pérenniser. Aujourd’hui, les plateformes représentent 80 % de la consommation de la musique enregistrée et 65 % des revenus mondiaux de l'industrie musicale.

Cette popularité galopante des plateformes rend primordiale la compréhension de la rémunération sur les plateformes de streaming, autant pour les artistes qui décideraient d’y investir du temps que pour les employés des labels et les auditeurs curieux.

Avant toute chose, il est important de comprendre les différents moyens qu’ont les plateformes pour se rémunérer. Pour gagner de l’argent, ces entreprises mettent en marche deux leviers : l’abonnement et la publicité. 

Cette distinction est importante, car elle va avoir une répercussion directe sur la rémunération des artistes sur les plateformes de streaming. Les auditeurs des abonnements auront plus de poids sur la rémunération que les auditeurs dit , en 'freemium', donc qui ne paye pas d'abonnement mais regarde des pubs. 

Est ce que vous saviez que les plateformes peinent à être rentables ? Dites vous que le leader du marché, le suédois Spotify, accuse une perte de 532 millions de dollars sur l’année 2023. L’entreprise n’a jamais réussi à atteindre la rentabilité depuis sa création en 2006.

Chaque service de streaming musical peut avoir ses spécificités, alors on parlera principalement de Spotify ici, étant le plus gros du marché actuellement. 

Environ 70 % des revenus de la plateforme ( abonnement et publicité ) sont répartis entre les différents artistes qui la composent. En payant Spotify, vous participez à un pot commun qui sera dispatché entre les différents ayants droits des musiques, qui distribuent ensuite l’argent aux artistes en fonction de leur contrat.

Comme on le voit, l’argent qui tombe dans votre poche va grandement dépendre du deal que vous avez avec votre ayant droit, si vous êtes un auto entrepreneur, vous récupérez tout ce qui vous est dû, si vous êtes en label, c'est une autre histoire.  

Tous les artistes ne prennent pas une part égale du gâteau, les royalties sont versées par la plateforme en fonction du volume globale de streams généré par mois, on appelle cela le “streamshare”. 

Ce système va donc donner une plus grande part à ceux qui sont le plus écouté, et comme le nombre d'écoute est souvent exponentiel entre les petits, moyen et grand artistes, le revenu l’est aussi. 

Rendez-vous compte que 9 artistes sur 10 touchent moins de 1000 euros par an comme revenu sur les plateformes de streaming musicale. Et on ne parle pas de minuscules artistes, parfois certains d'entre eux peuvent accumuler 100 000 écoutes sur une même musique. 

Noter que l’argent est toujours réparti entre les différents auteurs et compositeurs des morceaux, si vous faites un feat, vous divisez les royalties. 

Au vu de la grande diversité, des contrats et des situations, avancer des chiffres n’est pas toujours pertinent, mais on va quand même le faire. Selon Alexandre Mahout, Head of Development & Repertoire à la SACEM, l’organisme chargé de la collecte et de la répartition des droits d’auteur en France, 1 million de streams sur Spotify reviendrait environ à 1200 euros de droits d’auteur. 

Noter que c’est une moyenne, si vous êtes principalement écouté par des personnes qui ne payent pas d'abonnement Spotify, les valeurs dégringolent, et on tombe plutôt vers 200 euros par million de stream.

D’autres sources, comme Paul Wizman, un artiste français indépendant présent sur youtube, estime ses revenus aux alentours de 3000 euros par millions de streams sur Spotify, soit quand même le double. La preuve que les rémunérations peuvent être diverses en fonction des situations.  

Les sommes engrangées par stream ne sont pas les mêmes en fonction de la plateforme sur laquelle vous distribuer votre musique !

Pour équilibrer la redistribution et pallier les problèmes financiers des artistes, la communauté musicale ne reste pas les bras croisés et s’anime activement, à la recherche de solution.

Pas mal de systèmes différents ont été imaginés pour réduire cette problématique, notamment le User centric system qui est pas mal défendu par Deezer. Ce système pourrait éviter les biais du précédent. L’idée est que l'abonnement d’un auditeur ne revienne qu'aux artistes qu’il a personnellement écouté, permettant une redistribution plus équitable.

On peut aussi penser à La licence globale. Une sorte de service public du streaming ou l'état se substitue au privé et prendrai en charge la distribution musicale en ligne, tout en se portant garant que personne ne soit lésé. 

Pour aider les artistes émergents, l'état français a mis en place une taxe sur les plateformes musicale afin de financer un Centre national de la musique, une sorte de CNC version musicien. En réponse à cette taxe, Spotify a déjà décidé d'augmenter ses prix.

Dans les années 80, la plupart des revenus d’un artiste provenaient de la vente de disques, le live ne représente guère plus de 30 % de ses revenus. Aujourd’hui, la dynamique ces compléments inversés, le live représente la manne financière principale des musiciens, avec plus de 75 % de leurs revenus.  

Ce constat vaut globalement pour tout le monde, les gros artistes qui profitent le mieux du stream ne sont pas en reste niveau concert. La récente inflation des prix des concerts leurs permettent de dégager une belle marge à chaque tournée.

Mais pas besoin d'être un artiste mondialement reconnu pour booker des dates de concerts ! Hé oui, certaines plateformes vous proposent des dates clés en main qui vous permettront de vous exercer sur scène en plus d'accroître vos revenus. 

Et voilà, vous savez le gros de ce qu’il faut savoir sur la rémunération par les plateformes de streaming. Gagner sa vie uniquement via ces plateformes est quelque chose de particulièrement difficile, donc on vous conseille de miser vos billes sur d’autres options, notamment en s’essayant à la musique live !