Musique et Intelligence Artificielle : un bras de fer décisif ! | Linkaband ©

Musique et Intelligence Artificielle : un bras de fer décisif !

Entre nouvelles opportunités créatives et risques de standardisation, l’IA rebat les cartes en 2025. Ces outils s’imposent comme des outils désormais incontournables pour de nombreux producteurs, artistes et labels. Ces algorithmes, capables de composer des mélodies, d’écrire des textes ou de peaufiner le mixage en quelques minutes, reconfigurent fondamentalement la création, au risque d’uniformiser les productions et de fragiliser la situation économique des créateurs traditionnels.

 Entre nouvelles opportunités créatives et risques de standardisation, l’IA rebat les cartes en 2025

Entre nouvelles opportunités créatives et risques de standardisation, l’IA rebat les cartes en 2025

Une menace sur les revenus des créateurs ?

Selon une étude de la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs (CISAC), la musique générée par IA pourrait entraîner une baisse de 24% des revenus des créateurs musicaux d’ici 2028, soit une perte estimée à 10 milliards d’euros. Ce phénomène s’explique notamment par l’effet de substitution : des productions automatisées, moins coûteuses et plus rapides à réaliser, risquent de se substituer aux œuvres créées par des musiciens et compositeurs humains.

En parallèle, les entreprises qui développent des IA sans autorisation à partir d’œuvres protégées pourraient voir leurs revenus grimper jusqu’à 4 milliards d’euros dans le secteur musical. Ces chiffres mettent en lumière le déséquilibre entre l’essor rapide de la technologie et la protection juridique encore fragile des ayants droit.

Les mesures prises par les plateformes et les labels

Conscients de l’ampleur du phénomène, certains acteurs du marché ont déjà pris des dispositions pour encadrer l’usage de l’IA :

  • Deezer, par exemple, a annoncé en 2024 la mise en place d’un algorithme de détection de contenu généré artificiellement, visant à repérer les morceaux potentiellement contrefaits ou reprenant des éléments protégés sans autorisation.
  • Spotify teste un système de filtrage et de vérification à l’upload, combinant reconnaissance des signatures audio et échantillonnage de la base de données des droits.
  • Universal Music Group (UMG) a pour sa part enclenché des démarches juridiques pour exiger des plateformes qu’elles retirent automatiquement tout morceau généré à partir de catalogues protégés, et appelle les législateurs à clarifier le cadre légal.

Dans le même temps, des labels indépendants tentent de trouver un équilibre entre la préservation des droits d’auteur et l’exploration créative. Certains s’associent à des start-up spécialisées dans l’IA pour développer des solutions de co-création rémunératrices, respectueuses de la propriété intellectuelle.

L’enjeu d’une meilleure régulation

Face à ces enjeux, la question d’une réglementation plus stricte devient primordiale. Un certain nombre d’instances européennes et internationales se penchent sur le sujet :

  • La Commission européenne soutient plusieurs programmes de recherche, comme Music 360, visant à explorer les mécanismes de redistribution équitable des droits lorsque l’IA est mise à contribution.
  • La CISAC, par sa position de fédération mondiale, poursuit sa campagne de sensibilisation auprès des gouvernements pour reconnaître l’impact des intelligences artificielles et élaborer des cadres légaux adaptés.

L’objectif est d’instaurer une forme de contrat social autour de l’IA musicale, garantissant que les œuvres générées ou co-générées par des algorithmes ne portent pas atteinte au droit d’auteur et que les créateurs humains puissent bénéficier d’une rémunération juste.

Un avenir à construire entre innovation et éthique

Si l’IA offre indéniablement de nouvelles perspectives de création et de productivité, elle fait naître un profond malaise parmi les artistes et les organismes de gestion collective. La crainte d’une uniformisation sonore, dictée par la course à la popularité algorithmique, coexiste avec l’enthousiasme suscité par ces nouveaux horizons musicaux.

Pour 2025 et au-delà, la capacité du secteur à trouver un équilibre entre innovation et protection du travail artistique sera cruciale. Les solutions émergentes (contrats de co-création, systèmes de licence pour entraîner les modèles IA, contrôle renforcé sur les plateformes) témoignent d’une volonté de maintenir la diversité et la pluralité des expressions musicales. Reste à voir si ces initiatives se concrétiseront suffisamment vite pour éviter que le paysage musical ne bascule, au détriment des créateurs et, in fine, des amateurs de musique.

Bryan Kulka

Bryan Kulka

Journaliste international constamment en quête d'évasion. Après avoir exploré l'Amérique Latine et l'Asie, il atterrit aujourd'hui sur la planète Linkaband pour une nouvelle aventure musicale.

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