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En savoir plus sur nos cookies« On ne peut pas délivrer de beaux messages et cultiver une activité professionnelle aussi polluante », explique Frah, chanteur du groupe. Shaka Ponk entend cesser les tournées reposant sur une logistique lourde (camions, importantes équipes techniques, scènes gigantesques) et imaginer une autre façon de faire de la musique sur scène.
L’idée ? Réduire l’empreinte carbone, privilégier la sobriété et encourager l’ensemble des acteurs du spectacle vivant (artistes, producteurs, festivals) à repenser leurs méthodes de travail. S’il ne s’agit pas de rompre avec le live, Shaka Ponk mise plutôt sur des concerts plus responsables, combinant engagement militant et solutions pratiques (limiter les déplacements, modérer la production scénique, etc.).
Shaka Ponk n’est pas le seul groupe à s’interroger sur l’impact environnemental des tournées. De plus en plus d’artistes, conscients de l’empreinte écologique (transports, consommation énergétique, déchets), cherchent à concilier performance scénique et respect de la planète. Des figures comme Robert Del Naja (Massive Attack) ou Coldplay ont récemment expérimenté des mesures de réduction d’émissions carbone, allant de l’utilisation d’énergies renouvelables à la compensation (plantation d’arbres, soutien à des projets écologiques).
Les grandes salles et festivals, de leur côté, se voient encouragés à repenser leurs infrastructures : meilleure gestion des déchets, optimisation du transport du matériel, ou encore recours à des solutions d’éclairage moins énergivores. Pour certains organisateurs, il est même question de refuser certains artistes si la logistique exigée est jugée trop gourmande en ressources. Un choix radical, mais qui traduit la prise de conscience croissante de l’urgence climatique.
De toute façon, il n’y a plus d’alternative : il faut se réinventer. L’amende significative infligée à Tomorrowland pour l’utilisation de gobelets jetables est un véritable signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs : qu'on le veuille où non, les règles du live ont changé et ne pas respecter les règles risque désormais de coûter très cher.
Parallèlement à cette dynamique de sobriété, l’industrie du concert explore de nouvelles dimensions immersives. Qu’il s’agisse d’hologrammes (à l’image des shows d’ABBA ou d’Elvis Presley), de réalité augmentée via des applications mobiles ou de réalité virtuelle accessible avec des casques, la technologie fait rêver les fans en quête d’expériences spectaculaires.
Un exemple frappant est la Sphere à Las Vegas. Cette salle ultramoderne, pouvant accueillir près de 18.600 personnes, propose un environnement audiovisuel inégalé : écrans géants 360°, son spatialisé, projections immersives. Les concerts du groupe U2 y ont suscité un véritable engouement.
Mais derrière le succès public, des questions se posent : Ces installations grandioses requièrent une importante consommation d’énergie. Faut-il, au nom de l’innovation, accroître la pression sur les ressources ? Les billets pouvaient dépasser 2.000 dollars, rendant ces expériences haut de gamme inabordables pour la plupart des mélomanes. L’industrie du spectacle peut-elle concilier démocratisation culturelle et technologies ultra-coûteuses ?
Face à cette apparente contradiction : d’un côté, un désir de concerts plus modestes et écologiques, et de l’autre, la course à l’effet « wow » avec des dispositifs immersifs – plusieurs pistes émergent pour bâtir des tournées plus durables :
En parallèle, certaines équipes de production travaillent sur des formats hybrides : des concerts partiellement virtuels où une partie du public assiste physiquement au spectacle pendant que d’autres se connectent en streaming immersif. Cette tendance, accélérée par la pandémie de Covid-19, pourrait se généraliser, permettant d’accéder à des performances sans multiplier les déplacements. À condition toutefois de maîtriser la consommation des infrastructures numériques.
À la pointe du mouvement, des collectifs comme The Freaks, lancé par Shaka Ponk, incitent désormais l’ensemble de la filière musicale à prendre part à l’effort écologique. Ils proposent des conseils pratiques, des retours d’expérience et misent sur l’échange d’idées pour faire émerger un « écosystème » de concerts plus respectueux de l’environnement.
Le public, lui, se montre de plus en plus sensible à ces questions : le succès ou non d’une tournée peut parfois dépendre de la cohérence entre les valeurs revendiquées et les actes posés par les artistes. À mesure que la conscience écologique s’étend, les fans attendent des musiciens un engagement sincère, au-delà des discours.
Entre la démarche radicale de Shaka Ponk, qui appelle à repenser la forme même du concert, et l’engouement pour des salles spectaculaires comme la Sphere de Las Vegas, le monde du live se trouve à la croisée des chemins. L’industrie musicale, historiquement enclin à la surenchère technique, est aujourd’hui confrontée à la nécessité de prendre en compte les impératifs écologiques.
Le défi consiste à réconcilier l’innovation artistique, l’accessibilité financière et la responsabilité environnementale. Les réponses à ces questions détermineront sans doute l’avenir des tournées et des festivals. Pour certains, cela passera par des formats plus intimes et des engagements concrets de réduction d’empreinte carbone. Pour d’autres, ce sera l’occasion de développer des technologies plus vertes, tout en préservant le caractère spectaculaire d’un show scénique.
Quoi qu’il en soit, l’année 2024-2025 promet d’être décisive pour celles et ceux qui, comme Shaka Ponk, entendent faire rimer musique et cohérence écologique.
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